Rendez-vous au quartier général.

Les bas-fonds de Port Karhaix possédaient un lot plutôt convenable en matière de tavernes, bordels et autres tripots. Comme dans de nombreuses cités ou colonies, un véritable commerce s'était établi dans ces quartiers-là, et tout était bon pour favoriser les rentrées de piastres. L'architecture, parfois assez hétéroclite, était généralement peu soignée, et les édifices ayant connu une gloire passée tombaient en ruine. Quelques uns restaient encore entiers, cependant. C'était le cas du grand bâtiment de style espagnol s'élevant sur trois étage et abritant la taverne du Poulpe, quartier général de la Black Octopus.

C'était là que Lucila avait rendez-vous avec l'Irlandais. La jeune fille avait fini par connaître les bas-fonds comme sa poche, à quelques exceptions. Bien sûr, le Poulpe faisait parti de ces exceptions-là, mais fort heureusement, il était aisément repérable à travers les bouges. Quand elle pénétra dans la salle commune, elle fut immédiatement frappée dans la grandeur des lieux. A cette heure de la soirée, presque toutes les tables étaient prises par des ivrognes qui les encombraient de choppes vides, une fille sur les genoux. Une odeur d'alcool, mêlée à la sueur et au fumet d'un mauvais ragoût planait dans l'air. Se faufilant entre les chaises, Lucila remarqua la tribune sur laquelle d'autres catins aguichaient les hommes en dévoilant certaines parties de leur anatomie.

Elle fila droit vers le comptoir, ignorant les rires gras et les propositions minables qui fusaient sur son passage, et s'accouda devant l'aubergiste.

Une choppe de ton meilleur rhum, l'ami.

Une fois servie, elle repéra une table libre dans un recoin crasseux, non astiqué par la vieille indigène qui se démenait à nettoyer une flaque de vomi un peu plus loin.

Pauvre femme... Voilà comment on te traite, ma sœur...

Elle se laissa tomber sur la chaise qui craqua d'usure, et s'installa le plus confortablement possible, rhum à portée de lèvres, en attendant McSkorley.

L'Irlandais, occupé à boire un coup auprès des ribaudes de la mezzanine, ne pût s'empêcher de jeter un oeil en bas. Pas mal de commentaires fusaient au sujet d'une nouvelle gueuse et les propositions les plus exquises - pour peu que l'on apprécie les sales ivrognes - lui étaient dévolues. Une fille pareille à celle qu'il attendait, du reste et il ne mit pas long à faire le rapprochement. Elle alla directement voir le tavernier espagnol qui avait, de son côté, visiblement d'autres chats à fouetter, surtout qu'la Musaraigne en serait sous peu.

Mc'Skorley se leva, repoussa gentiment l'une des filles lui réchauffant les jambes et s'ajusta les habits, avant de lancer à l'intention de La Canza, depuis la balustrade:

"La Canza, vieille canaille, laisse faire les bonnes femmes qu'on connaît et sert plutôt celles qui arrivent. La gueuse veut du rhum, non?"

Il descendit rapidement l'escalier qui menait à la grand'salle, tandis que le taulier servait rapidement un rhum et un whiskey avant de retourner vaquer à ses occupations. Il ne mit que quelques enjambées pour rejoindre la nouvelle venue.

"Lucila, c'est ça ma mignonne? Ça fait quelque temps déjà, j'vois qu'l'air marin te réussit toujours."

D'un œil distant, Lucila continuait d'observer le manège des putains et de la serveuse. Le gérant de l'établissement semblait mener ses affaires avec professionnalisme, caractère qui n'était pas pour déplaire à la jeune mulâtre.
Soudain, la voix rocailleuse d'un briscard bien connu s'éleva au-delà du brouhaha.
Lucila leva les yeux vers la balustre et vit le capitaine Mc Skorley entouré d'une bonne demi-douzaines de catins.

Oh, que vois-je... Mon rendez-vous "galant".

Alors que l'Irlandais descendait pour la rejoindre, Lucila eut un rire léger et se tourna vers le tenancier.

Ola, La Canza, amigo! J'ai déjà dépassé le content de rhum d'une femme respectable, même si les femmes de loyalistes ne boivent pas et ne baisent qu'avec de la dentelle sur le visage! Mais je ne puis refuser le présent d'un confrère! Un tonnelet pour nous deux!

Elle leva son index et fit face à Mc Skorley a qui elle offrit un sourire plein de fausse ingénuité.

Et celui-là, je le paie de ma bourse... Le bonsoir, l'Irlandais! Toujours aussi vil flatteur envers le sexe à la croupe rebondie, pas vrai? La mienne ne l'est pas, et c'est un plaisir de te revoir pour causer de notre petite affaire!

Elle rapprocha sa chaise de la table et se pencha de manière à poursuivre dans un plus d' "intimité".

Alors, j'espère que les filles d'en haut ne t'ont pas fait trop perdre tes facultés car tu vas devoir te montrer convainquant, compadre.

'Foutrefange d'cague-à-l'ordre,
C'est qu'elle est mieux engueulée qu'd'autres c'te nière.
Si elle à l'cul bien plat et qu'd'autres l'ont rebondi, des pucelles aux nattes noires d'son genre, j'en ai vu à la langue moins bien pendue, par l'saint cul d'marie. C'ci dit, j'en ai aussi vu d'autres pendues, c'qu'est parfois z'aussi bien.
Foi d'moi 'la du mal mirer la brève à l'entrée la pauvrette. Tu cherchais la maison du gouverneur ma douce ? Ou peut-être un d'ces passe-buvettes de merde qu'tu fréquentes sur'ment et où on peux s'permettre d'poser les pieds et de s'gausser des gueux qui couvrent les factures ?
Y'en a qui tiennent moins à la vie qu'd'autres, foi d'moi j'pourrais y inculquer un peu d'tradition à c'te radasse.
Lui rapp'ler qu'ques coup d'lame ça enlève l'gout d'pousser des craques douteuses.'

La Musaraigne avait suivi de près l'arrivée de son camarade McSkorley.
Quand elle l'avait vu tenir en apparté cette belle mulâtre assise au fond, elle n'avait pu s'empêcher de porter une ouïe attentive.

Saisissant la chance de se faire craindre un brin, son divertissement favori, elle avait parlé d'une voix douce à l'oreille de la nouvelle arrivante. Les lèvres de la capitaine de spitsmuis, son souffle chaud et ses propos carnassiers contribueraient sûrement à faire lever quelques poils du fin duvet de cette chère Valiente.

Le stoïcisme de Lucila semble parler de lui même. Satisfaite de son effet, Esther ajoute :

'P't'être bien qu'c'est toi qu'devrait faire des efforts pour êtr' convaincante, pucelle... si tu veux r'partir avec tous les morceaux qu't'avais à ton arrivée ?
Ta langue, tes belles nattes noires où ces longues jambes qu'mes hommes ont du mal à s'empecher d'caresser d'leurs regards salaces (bien que la valiente ne puisse le constater de visu, l'impressionnant métèque posté derrière esther semble acquiescer d'un regard entendu), autant d'morceaux qu'j'serai contente d'offrir aux cent-quarantes chiens z'enragés qu'ont quartier libre c'soir, fange-à-queue.'

La capitaine s'avance par la gauche de Lucila Valiente. Elle aboutis enfin dans le champ de vision de cette dernière, qui n'avait pas encore osé se retourner.
La mulâtre rencontre donc pour la première fois une capitaine de taille plutôt moyenne, attifée à la masculine, elle a l'air d'un jeune homme.
Des cheveux juste assez long pour être attachés en un noeud serré pendent sur la nuque de la capitaine de Spitsmuis. Tout de cuir et de toile vêtue, rien ne laisse présager que cette soubrette a l'air de garçonnet saurait diriger un équipage... ou encore honorer les menaces qui sortent de sa bouche.
Certains ont néanmoins fait l'erreur de n'y point croire et l'ont amèrement regretté, car pourtant, elle sait, elle sait même très bien.

McSkorley, pour qui le comportement de La Musaraigne est familié, regarde la scène avec amusement.

Alors que la capitaine et ses ses deux sbires prennent place autour de la table ronde qui craque sous le poids des coudes de Kotto, pivot des troncs d'arbres que cette homme prétends être des bras, La Musaraigne termine sur un ton plus calme, une pointe rieuse, tout en posant ses armes sur la table (elles l'empêchent de s'asseoir)

'lons donc ma gueuse, comme tu t'es donné l'mal d't'inviter à ma table et pas dans la taverne la plus sécuritaire pour une nière d'ta constitution, j'te r'connais qu'tu dois avoir des couilles au moins grosses comme celles de Maka (le métèque s'esclaffe) 'lors vas-y, débites donc c'que t'es v'nu foutre à trainer tes nattes dans un établissement comme c'ui ci ?'

Si le ton est maintenant plus léger, on remarque cependant que le bourdonnement quasi-constant de la salle animée s'est tût, dans le silence laissé par les propos de La Musaraigne.
La populace attentive est suspendue aux lèvres de Lucila Valiente qui ne tardera certainement pas à briser son mutisme...

L'Irlandais, amusé, ne laissa pas le temps à la nouvelle venue de répondre. Calme, s'apprêtant à porter son verre à son gosier, il ne lança qu'une phrase à chacune.

"Capitaine Valiente, Esther de Spitsmuis."

Puis il bût, sourires aux lèvres, sachant qu'entre temps la conversation s'enclencherait assurément entre les deux donzelles.

La mulâtre fut tout d'abord surprise de l'incursion de cette gamine dans son "champ de discussion privé". Sans qu'elle n'eut le temps de réagir, la drôlesse se glissa derrière elle pour lui proférer quelques douces paroles pleines de mordant. Tout d'abord interdite, Lucila attendit que la jeune capitaine Esther de Spitsmuis ait terminé son monologue sensé gonfler son égo comme une baudruche pour éclater de rire subitement.

Hahahahahaha! Ma foi, j'ignorais qu't'avais autant d'humour, la Musaraigne! En tout cas, ravie de mettre enfin un minois sur tes correspondances zélées.

Tout en conservant le sourire, elle tira une dague de sa botte et, d'un geste vif, la planta dans le bois de la table, à seulement quelques centimètres de l'adolescente. A présent, son visage était d'une extrême gravité. Ses yeux noirs ancrés dans ceux de la flibustière, elle reprit d'un ton sec et tranchant.

J'apprécie moyennement que l'on s'incruste dans une réunion privée, et encore moins que l'on se foute en spectacle alors que chaque propos doit rester confidentiel!

Elle retira sa lame tout en ne perdant pas Esther du regard.

De plus, j'ai une fâcheuse tendance à mal réagir aux menaces...

Rangeant son arme tranquillement, elle laissa ses traits se détendre légèrement, du moins, en apparence.

Mais, j'imagine que si tu es ici, c'est parce que l'Irlandais t'as conviée sans me prévenir. Enfin, vu que tu es un membre influent de la Black Octopus, ça ne peut que se comprendre. Dis-moi, c'est petit de me charrier sur mon pucelage, entre autres... C'est pour justifier le fait que tu ne tolère plus le tiens? Essaie donc un beau jour de me livrer en pâture à tes hommes et ils repartiront la queue plantée dans leur cul et leurs couilles en collier...si j'suis de bonne humeur, bien sûr!

Comme pour appuyer ses propos, elle adressa au grand métèque et à l'ensemble des pochards qui la fixaient avec un intérêt indiscret, un large sourire carnassier. L'effet fut en partie dissuasif.

Alors, reprenons c'qui nous occupe. Vu qu'vous ne semblez pas vouloir en cracher davantage sur la confrérie, je vais parler à mon tour. Comme je l'ai déjà dit, cela fait maintenant plus d'un an que je voyage sous le Pavillon Noir. J'ai été formée rapidement, selon certains principes du code de la piraterie. L'un d'eux, et le plus récurrent, était la notion de Liberté. Pas de pillage et de massacre gratuit, du moins pour les capitaines qui voguaient à mes côtés. Les chiens nationalistes, on les épargnaient jamais pour autant. Mais ça, vous le savez n'est-ce pas? Après tout, on a des connaissances communes, même si certaines on hélas disparues...

Elle marqua une légère pause avant de reprendre.

Je suis peut être encore considérée comme jeune capitaine, mais j'ai de l'expérience en stratégie de combat et en réquisition de territoires. Je fais sonner mes bouches à feu, mais je sais aussi manier la rapière selon une vieille technique espagnole foutrement efficace et faire chanter les pistoles.

Elle se pencha vers les deux confrères et poursuivit sur le ton de la confidence.

Mes gars sont fiables et vous pouvez compter sur mon second, Jasper, pour toutes petites affaires...frauduleuses.

Avec un demi-sourire, elle se laissa retomber contre le dossier de sa chaise.

Et vu que vous êtes une confrérie ouverte d'esprit, on devrait s'entendre, n'est-ce pas?

Lucila observa quelques secondes de silence. Un sourire satisfait accroché aux lèvres, elle laissa son regard couler de la Musaraigne à l'Irlandais.

On dirait bien qu'on arrive à se trouver des points communs, l'amie. Foutre les miquettes aux nationalistes jusqu'à les faire chier dans leur froc déjà mouillé par les vagues engloutissant leurs navires...Voilà ce qui m'fait monter au ciel, par les burnes des encourronnés!

Elle attrapa sa chope encore à moitié remplie de rhum, qu'elle vida cul-sec.

Et voilà que tu expose les perspectives de ma nouvelle vie avec...poésie! Mh, tu es redoutable en affaire. Oui, on va s'entendre, pas vrai Mc Sko'?

Elle inclina le tonnelet en direction de son verre. L'élixir ambré coula à flot. Un petit rire sortit de la gorge de la mulâtre.

Esther, tu savais très bien que je venais ici dans le but de me faire enrôler dans votre confrérie. Si les anciens Piastreux que vous êtes veulent bien de moi, alors je suis votre femme.

Nouvelle pause. Ses yeux noirs coulissèrent vers le briscard.

D'un point de vu uniquement professionnel, cela s'entend.

L'Irlandais rejeta la tête vers l'arrière, passant sa main dans ses cheveux crasseux. Il était temps de mettre cartes sur tables avec la nouvelle venue, maintenant qu'il avait réalisé son petit caprice. Reposant son verre sur le comptoir, il lâcha d'un ton sec, à l'intention de la fille Valiente:

"Bon, ma gueuse, on t'a un peu fait v'nir pour rien et j'm'en excuse. J'avais envie d'r'voir ta gueule, question d'me rapp'ler l'passage de Maracaïbo, une belle passe, t'en conviendras...

L'fait est, et tu m'croiras p'têtre pas, lorsqu'on t'a écrit en premier, on était bien honnêtes dans nos intentions. 'fin, j't'aurais volontiers fait valser, mais ça d'meure honnête, cornecul."

Elle soutient son regard, partiellement intriguée, tandis qu'il reprend.

"Bon, ent' nos échanges, pas mal d'trucs ont changé pour nous et on p'vait pas s'permettre d't'en causer, ça aurait foutu la merde. En gros et pour faire vite, t'es ici en territoire espagnol à l'heure où qu'on cause. Pour un tas d'raisons, des personnelles et des moins personnelles, que j'vais t'épargner du reste. Suffit d'dire qu'le Poulpe a pris une d'cision.

Si t'penses v'loir en être quand même, t'es t'jours la bienv'nue. Sinon, comme j'le pense, on va t'laisser quitter les lieux sans mal. 'videmment, j'te r'commende d'pas tenter d'jouer à la maline, vu not' nombre. T'as dix secondes pour faire un choix."

Il mit instinctivement la main près de son arme, attendant une réponse qui ne saurait se faire tarder.

Lucila laissa quelques précieuses secondes s'écouler. Fixant l'Irlandais dans le noir des yeux, elle instaura une bulle de silence oppressant, au-delà du brouhaha ambiant. Alors que le décompte allait pour elle s'achever, elle ouvrit la bouche pour donner enfin sa réponse.

Je suis des vôtres, comme prévu. Quand je prends une décision murement réfléchie, je n'ai pas l'habitude de revenir dessus. Tu n'aura pas à te servir de ton arme, capitaine. Je ne trahis pas ceux en qui j'ai prêté allégeance...

Elle prit un inspiration et se recala sur sa chaise.

Et maintenant, puisque je me suis engagée, pouvez-vous me donner un avant-goût de ces révélations sensées "foutre la merde"? Cela ne changera rien pour moi, cela va sans dire, mais si des changements préoccupants ont pointé leurs sales petits minois, il va de soit que je devrai bientôt en être informée...non?

Elle s'humecta les lèvres tout en jetant des coups d'œil à droite et à gauche.

A moins que...vous ne préfériez que l'on mette les choses au clair dans un endroit plus...approprié.

"Mais j'accorderai toute la latitude qu'il faut ma jolie, encore faut il qu'ils souhaitent devenir pro-espagnols, comme vous l'avez dit, et fait. Or au jour d'aujourd'hui, c'est pas encore le cas les concernant. D'où ma question légitime..."

- L'Octopus dit que le nuage de la guerre s'est amoncelé au-dessus des biens de l'Espagne, qu'il se trouve ici à l'invitation d'un capitaine qui signe ses messages "Esther de Spitsmuis", et que ce n'est pas pour fonder un club de broderie qu'à son avis l'invitation lui a été adressée.

C'était un des Nukaks qui avait parlé. Cet homme avait été placé en stage chez le plusgrand cabinet d'avocats représenté dans les Caraïbes, d'Equerre et associés, dirigé par Me Aicard. Et le Nukak était devenu le second de Jan di Pourriéro.

- Et je ne m'en cache pas, Mademoiselle Navaja, mon origine n'est pas espagnole - d'ailleurs, de quelle Espagne eût-il fallu parler, finalement ? De Catalogne, d'Andalousie, de Castille, du Leon ? Je ne suis rien de tout cela. Je suis Provençal, et j'exècre la France et les Français. "Devenir pro - espagnols" ? Mais il me semble que vous perdez de vue les services que j'ai rendus directement au roi, qui pour cela m'a offert de belles possessions en son royaume... Quant à la Hermandad del Calamar, elle a certes une indépendance totale vis-à-vis de quelque souverain qui soit. Mais quel intérêt de s'assurer le service d'une société d'esclaves ? Notre coopération est librement décidée, cela et notre histoire suffira à satisfaire le roi. Vous-même, j'en suis persuadé, n'aurez qu'à vous réjouir de notre nouvelle promiscuité :) .

En entendant ces derniers mots adressés à la jeune fougueuse par le Provençal avec ce certain air d'indifférence qu'ils connaissaient bien, le Nukak qui avait parlé, et ses compagnons, avalèrent leur salive et tournèrent leurs regards vers le plafond. Dans leur esprit défilaient les souvenirs de ces interminables parties de bunga-bunga auxquelles leur capitaine s'adonnait régulièrement avec les créatures les plus perverses de tous les bas-fonds des Caraïbes.

- Inugo, mon ami, je ne suis pas surpris que vous soyez ici aussi. Il m'a été dit, en effet, que ce serait d'ici que s'organiserait un plan de bataille ?

Les Nukaks explosèrent littéralement de rire après qu'ils eurent compris la méprise de leur capitaine, et la leur même... Ah ! Ces Européens, parfois difficiles à suivre sous leurs accoutrements. Ce fut une cause de réjouissance qui ne les quitta plus, et chacun en fit profiter son lignage, de générations en générations. Ce rire se répercuta ainsi dans l'espace, et aussi dans le temps, devenant une légende au fil des embellissements de conteurs.
Quant à Jan di Pourriéro, qui finalement n'avait pas regardé l'interlocuteur autrement que du coin de l'oeil, il se rendit bien compte, malgré les apparences certes ambiguës, qu'il avait à faire avec un porteur de dague, et changea rapidement le cours de ses pensées, riant encore quelques heures après de la tête abasourdie du capitaine Navaja.

Les Nukaks explosèrent littéralement de rire après qu'ils eurent compris la méprise de leur capitaine, et la leur même... Ah ! Ces Européens, parfois difficiles à suivre sous leurs accoutrements. Ce fut une cause de réjouissance qui ne les quitta plus, et chacun en fit profiter son lignage, de générations en générations. Ce rire se répercuta ainsi dans l'espace, et aussi dans le temps, devenant une légende au fil des embellissements de conteurs.
Quant à Jan di Pourriéro, qui finalement n'avait pas regardé l'interlocuteur autrement que du coin de l'oeil, il se rendit bien compte, malgré les apparences certes ambiguës, qu'il avait à faire avec un porteur de dague, et changea rapidement le cours de ses pensées, riant encore quelques heures après de la tête abasourdie du capitaine Navaja.